Chronique - Precious Bryant

Publié le par Alexandre F.

Precious Bryant

Precious Bryant

Precious Bryant, qui s'est éteinte il y a bientôt deux ans, était une musicienne qui œuvrait dans un folk-blues très original, issu du Piedmont fingerstyle. Née en 1942, Precious Bryant a grandi dans une famille de musiciens et débuta la guitare dés l'âge de 9 ans. C'est à 25 ans qu'elle enregistre ses premières chansons, grâce à Georges Mitchell qui, avec Alan Lomax, est un des grands noms du Field Recording. Malgré ces enregistrements prometteurs, son premier véritable album ne sort qu'en 2002, soit 35 ans après la compilation enregistrée par Georges Mitchell.

Precious Bryant a passé une grande partie de sa vie dans la simplicité la plus totale, dans un des endroits les plus pauvres de Géorgie. Son habitation consistait en un mobile home isolé, prés d'une grande forêt. Une rumeur selon laquelle elle fut obligée de jeter sa guitare dans les flammes pour survivre au froid témoigne de son modeste train de vie, parfois sans eau ni électricité. C'est dans ce lieu difficile que Precious Bryant a composé et a vécu, sans reconnaissance pendant de trop longues années.

Lorsque l'on écoute Precious Bryant, c'est un folk-blues d'une brillance incomparable qui se dévoile, une musique pleine d'élégance et de noblesse de cœur, loin de la matérialité précaire de sa condition.

Son premier album, Fool Me Good, a été enregistré en quelques jours chez ses voisins. Malgré l'environnement dans lequel cet album fut enregistré, les chansons sont superbement interprétées et exécutées. Precious Bryant maîtrise l'art de la guitare et chacun des titres le confirme. Aussi à l'aise sur un traditionnel que sur une chanson plus moderne, l'album est un véritable trésor pour les amateurs, mais aussi un vrai vecteur de découvertes pour les moins habitués à ce style si riche.

Le premier extrait est issu de cet album, véritable comète dans le paysage musical. Le célèbre Fever, composé par Little Willie John et popularisé par Peggy Lee est ici bien loin de l'instrumentation habituelle du titre. Precious Bryant est seule, avec sa guitare, et n'en reste pas moins imposante:

Ce n'est que deux ans après que sort son deuxième et dernier album, The Truth. Dans ce dernier, on retrouve Morning Train, que l'on peut entendre dans le film Black Snake Moan. La chanson Morning Train est construite comme une ballade, dans la lignée des folksongs les plus traditionnelles, mais la voix unique de Precious Bryant et son jeu de guitare d'une dextérité aérienne en font un titre d'une profonde authenticité:

Enfin, une des autres merveilles de l'album est la chanson éponyme The Truth. La sincérité avec laquelle Precious Bryant raconte cette histoire, son aisance avec les mélodies fragiles, mais aussi cette voix qui s'envole avec une simplicité déconcertante, se mélangent pour offrir un titre d'une beauté indicible:

Il est important d'ajouter que Precious Bryant a été aidée par la fondation Music Maker (http://www.musicmaker.org), qui tente d'aider les musiciens dans le besoin. C'est ainsi que Music Maker a permis à Precious Bryant d'obtenir un passeport, des médicaments et même une guitare. On la retrouve dans le livre édité par Music Maker qui s'intitule Music Makers: Portraits and Songs From the Roots of America.

Discographie:

  • Artiste(s): Precious Bryant
  • Album: The George Mitchell Collection Vol. 37
  • Label: Fat Possum Records
  • Format: Vinyl
  • Année: 1969
  • Artiste(s): Precious Bryant
  • Album: Fool Me Good
  • Label: Terminus Records
  • Format: CD
  • Année: 2002
  • Artiste(s): Precious Bryant
  • Album: The Truth
  • Label: Terminus Records
  • Format: CD
  • Année: 2004
  • Artiste(s): Precious Bryant/Algia Mae Hinton
  • Album: Gran'mas I Have Never Had
  • Label: Moi J'Connais Records
  • Format: Vinyl
  • Année: 2012

La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie.
Ludwig Van Beethoven

Publié dans Chroniques, Folk

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